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servir pour le perdre ; que la France eût peut-être succombé au commencement de la Régence, sans la bataille de Rocroi qu’il avoit gagnée ; que la cour avoit fait toutes les fautes, sans lui, après la bataille de Lens, et ne s’étoit sauvée que par lui, dans la guerre de Paris ; qu’après avoir si bien servi, il n’avoit fait que déplaire, par l’impétuosité d’une humeur dont il n’avoit pu être le maître… Je ne sais pas, ajoutoit-il, ce que la cour gagnera par sa prison, mais je sais bien que les Espagnols ne pouvoient rien souhaiter de plus favorable. »

On fut plus révolté encore de la vénalité du duc de Beaufort, que Mazarin avoit acheté argent comptant, et notamment au prix de la charge d’Amiral, qui étoit de quatre-vingt mille livres de rente, donnée au duc de Vendôme, avec survivance à Beaufort, et d’autres charges considérables données à d’anciens frondeurs, leurs amis et complices. Autour de la Reine, des seigneurs dévoués virent avec répugnance le héros du jardin de Renard, reparoître à la cour, et leur offrir ses bonnes grâces. Ce fut sous l’impression de ce premier mouvement que Saint-Évremond, dînant un jour avec des partisans de son opinion, tels que le duc de Candale, le comte de Moret, Miossens, Ruvigny et d’autres, qui avoient été de l’expédition des Tuileries, il fut résolu d’écrire, séance tenante, une Apologie ironique du duc de Beaufort, destinée à servir de réponse à l’apologie que le duc avoit cru nécessaire de publier lui-même, sous le titre d’Avis du duc de Beaufort, pour se justifier du blâme sévère que sa conduite équivoque rencontroit dans tous les partis : le peuple de Paris, les vrais et sincères frondeurs, ne pou-