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fort, devenus, à cette heure, les suppôts de la cour et de Mazarin, protégèrent de leur popularité l’arrestation des princes de Condé et de Conti, et du duc de Longueville, en plein Palais-Royal, dans la soirée du 19 janvier 1650, et commencèrent une période nouvelle des agitations de la Fronde : période qui a reçu le nom de Fronde des princes, parce que la délivrance des princes en fut le prétexte, et que leur rébellion en fut la conséquence.

Ce coup d’état fit la plus grande sensation. La noblesse s’indigna de voir, sous les verrous, à Vincennes, le héros de Rocroi, le sauveur de la France en ses jours de péril, et son orgueil en tous les temps ; et loin de rendre plus facile le gouvernement de Mazarin, cet événement en augmenta les difficultés. L’esprit public, si variable en France, finit par se tourner du côté des prisonniers ; et au milieu des serviteurs même les plus attachés à la Reine, une sorte de réprobation ne tarda pas à se manifester contre une mesure si violente. Les sentiments que Saint-Évremond dit avoir éprouvés en cette circonstance, furent ceux de tous les honnêtes gens. Malgré les rigueurs du prince à son égard, il avouoit au duc de Candale, dans les confidences de l’amitié : « Qu’un prince si grand et si malheureux devoit être plaint de tout le monde ; que sa conduite, à la vérité, avoit été peu respectueuse pour la Reine, et un peu fâcheuse pour M. le cardinal ; mais que c’étoient des fautes à l’égard de la cour, et non pas des crimes contre l’État, capables de faire oublier les services importants qu’il avoit rendus ; que ses services avoient soutenu M. le cardinal, et assuré le pouvoir dont Son Éminence venoit de se