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mots, dans l’usage de la langue, sont empruntées à des éditions altérées, ou à des ouvrages faussement attribués à l’auteur ; par exemple, dans le Dictionnaire de Furetière.

Il est résulté de ces diverses causes, que, au rebours de ce qui se passe pour d’autres écrivains, les éditions anciennes de Saint-Évremond, et surtout celles qui ont été publiées en France, au dix-septième siècle et au commencement du dix-huitième, ne méritent, en général, aucune confiance, et n’ont aucune valeur. Elles sont composées, en partie, d’œuvres apocryphes ; et les œuvres authentiques qui s’y trouvent, sont falsifiées. L’altération est quelquefois grossière ; et l’on comprend, en effet, que les écrits philosophiques de Saint-Évremond n’aient pu obtenir licence d’imprimer et liberté de circuler, en France, sans de nombreuses corrections : l’auteur n’y a pris aucune part, et a toujours désavoué ces éditions. Ainsi donc, l’immense réputation que les salons avoient faite à Saint-Évremond n’étoit appuyée, pour un petit nombre de personnes, que sur une circulation manuscrite ; et pour la majorité du public, pendant tout le dix-septième siècle, que sur des compilations d’œuvres supposées ou altérées. C’est un phénomène littéraire, qu’il est curieux de constater.

Enfin, aux derniers jours de sa vie, cédant à de pressantes instances, Saint-Évremond consentit à préparer les matériaux d’une édition exacte de ses ouvrages véritables ; mais lorsque, après sa mort, deux amis dévoués à sa mémoire, et dignes d’ailleurs de toute confiance, par leur honnêteté, se sont appliqués, pour satisfaire à l’empressement du pu-