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coïncidence de ces deux événements frappa tous les esprits, et jointe à l’audace du duc de Bouillon qui osa ouvrir des négociations avec les Espagnols, dont un envoyé demanda même d’être reçu dans la chambre du conseil du Parlement de Paris, elle ouvrit les yeux aux plus honnêtes des magistrats ; et leur montrant le péril de l’État, elle les disposa au retour de la soumission ; laquelle eut lieu, le mois d’après (11 mars), par la paix de Ruel, œuvre du patriotisme éclairé de Matthieu Molé.

Il ne paroît pas que Saint-Évremond, alors brouillé avec le prince de Condé, ait pris part à la guerre de Paris. Selon Des Maizeaux, il alla, vers cette époque, en Normandie, voir sa famille. J’ai peine à croire que ce simple motif ait fait quitter Paris à Saint-Évremond, dans un moment pareil, bien qu’on pût l’en justifier par sa disgrâce auprès du prince, commandant en chef des forces royales. Je crois plutôt que Saint-Évremond a été remplir une mission secrète, en Normandie, et la suite des événements paroît le prouver. L’attention de tous les partis étoit alors fixée sur le parlement de Rouen, dont les déterminations avoient une extrême importance pour les frondeurs et pour la régente.

Le duc de Longueville étoit gouverneur de la Normandie, et aussitôt après que le parlement de Paris se fut déclaré en faveur des mécontents, il dut songer à s’assurer le concours d’une province aussi riche et aussi puissante. Richelieu avoit infligé la mortification du semestre au parlement de Rouen, qui en avoit conservé un ressentiment profond. La province avoit d’autres griefs contre la cour ; le duc et la duchesse de Longueville comptoient, en outre,