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ciété retenoient encore quelque chose des relations seigneuriales. Ce n’étoit plus comme vassal, comme homme lige, qu’on se donnoit aux maisons de Condé, de Vendôme, de Longueville, de Soissons, d’Elbeuf, de Bouillon, etc. C’étoit comme officier, comme gentilhomme, comme domestique, et l’on s’obligeoit à la même subordination que le vassal. En échange de leurs services, les petits obtenoient des grands, la protection toujours, et la fortune quelquefois. On se poussoit ainsi dans les charges, dans les armées et à la cour ; et le protecteur, bien souvent, acquéroit tant de force du nombre et de la qualité de ses protégés, qu’il pouvoit, à certains jours, se rendre redoutable au Roi lui-même, comme jadis les Armagnacs ou les Bourgogne. On avoit, en effet, retenu des mœurs féodales le respect du devoir qui rattachoit le vassal au seigneur, c’est-à-dire le protégé au protecteur : lien plus étroit, selon l’usage des fiefs, que celui qui rattachoit le vassal au suzerain de son seigneur, tel que le Roi. On sait combien, dans ses rébellions, Condé se montra exigeant, inexorable, envers ceux de ses officiers qui furent plus fidèles au roi qu’à lui-même. Saint-Évremond nous en offrira un exemple.

À l’égard des Parlements, froissés par l’établissement des intendants, des semestres et des commissions judiciaires, l’opinion leur étoit restée fidèle. Ils avoient conservé le crédit et l’importance de défenseurs naturels du droit des peuples. Les magistrats semestres n’avoient pas la considération publique. Les commissions de Richelieu étoient restées odieuses ; et les exactions fiscales sembloient ne plus devoir trouver d’obstacles, en l’absence de l’ac-