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Mme Cornuel, en le voyant à l’autel de la messe de minuit : Voltaire n’a pas de mot plus égrillard. Le méchant propos que Gui Patin attribue à Richelieu au sujet des âmes du purgatoire, est certainement inventé par MM. de Charenton, mais il circuloit dans tout Paris, et c’est assez2. Sans parler d’une pléiade de petits poëtes, peu dignes d’estime, les Blot, les Sigongne, etc., Régnier étoit du même bord que Théophile. Balzac étoit plus retenu, mais pas plus dévot : Théophile avoit été son ami particulier. Tallemant avoit la foi de Boisrobert. Le père de l’épicurien Chapelle étoit François Luillier, maître des comptes, aussi mécréant que son fils, et plus scandaleux encore. Le père de Desbarreaux étoit conseiller au parlement de Paris, et les opinions du père étaient celles du fils. Racan fut sceptique, comme toute sa génération. Mairet, dont la Sophonisbe eut tant de réputation, et qui partagea les suffrages avec Corneille, professoit aussi le scepticisme. Dans Polyeucte, qui fut joué, comme on sait, en 1640, Corneille avoit fait dire à Sévère, à la dernière scène du 4e acte, ces quatre vers qui disparurent plus tard, et qu’on ne retrouve plus que dans les premières éditions :

Peut-être qu’après tout ces croyances publiques
Ne sont qu’inventions de sages politiques,
Pour contenir un peuple, ou bien pour l’émouvoir,
Et dessus sa foiblesse affermir son pouvoir.

La faveur du scepticisme remonte à la cour de Henri IV, où les Bellegarde, les d’Épernon, le roi


2. Voy. l’édit. de Guy Patin, de M. Reveillé-Parisse, tom. I, pag. 297.