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que le cardinal de Retz ! Les libres manières de ce temps n’étoient que la continuation des habitudes prises sous les derniers Valois ; comparez plutôt les dames galantes de Brantôme avec les historiettes de Tallemant !

La liberté philosophique reprit son cours, après la mort de Louis XIV ; mais, depuis bien des années, aux yeux des clairvoyants, la reprise étoit certaine. Fénelon n’en doutoit pas, et il en exhaloit sa douleur prophétique, en un langage que tout le monde connoît : « Un bruit sourd d’impiété vient frapper nos oreilles… l’instruction augmente et la foi diminue. »

L’athéisme avoit paru si menaçant, au début du dix-septième siècle, que l’autorité publique résolut de l’effrayer par des supplices. À Rome, on avoit brûlé vif Giordano Bruno ; à Toulouse, on martyrisa Vanini. À Paris même, on brûla des malheureux qui n’ont pas eu la même célébrité ; entre autres, Jean Fontanier, que le P. Garasse appelle : Jeune folâtre, d’un esprit fort vagabond, condamné au feu pour un livre oublié. L’arrêt fut exécuté, en 1621, en place de Grève. Seulement, on fut plus humain à Paris, qu’on n’avoit été à Toulouse. Vanini eut la langue arrachée avant d’être brûlé : les détails de son supplice font frémir. À Paris, l’arrêt porte une attache ainsi conçue : « Il est retenu qu’auparavant que le dit Fontanier sente le feu, il sera secrètement étranglé. » Plus tard, Claude Petit fut également brûlé pour des chansons impies, et il y est fait allusion en ces vers de l’Art poétique de Boileau : Toutefois n’allez pas, goguenard dangereux, etc. Dangeau rapporte qu’un sieur Ambreville fut aussi brûlé vif