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Provinces-Unies ; mais les plénipotentiaires François n’arrivèrent que le 17 mai 1644, et leur lenteur étoit parfaitement calculée. Ils avoient le moins d’intérêt à la paix, et les choses n’étoient point encore au degré de maturité où les vouloit Mazarin pour l’accomplissement de ses projets, qui n’étoient autres que l’acquisition des Pays-Bas espagnols, du Luxembourg, d’une partie du Palatinat, et du Brisgau, à joindre aux trois Évêchés et à l’Alsace ; la conservation de Pignerol, et l’échange de la Catalogne pour la Navarre, en gardant le Roussillon ; en un mot, Mazarin poursuivoit la sanction diplomatique de l’occupation par nos armes des pays limitrophes, qui étendoient, rectifioient ou assuroient nos frontières.

Nos plénipotentiaires, arrivés si tard à Munster, laissèrent voir clairement qu’ils avoient peu de hâte de traiter de la paix. MM. d’Avaux et de Servien, après avoir épuisé tous les moyens dilatoires, adressèrent à leurs collègues une circulaire si violente qu’elle faillit dissoudre le congrès. La division qui éclata bientôt entre M. d’Avaux et M. Servien parut un calcul de la ruse, pour traîner les choses en longueur. Les médiateurs en témoignèrent leur déplaisir, et les Suédois eux-mêmes menacèrent de traiter sans la France, si celle-ci persistoit dans son système de temporisation.

Au mois de décembre 1644 seulement, les plénipotentiaires françois remirent aux médiateurs leurs premières propositions, qui étoient tellement vagues qu’elles répandirent une inquiétude profonde au lieu de faire espérer une solution rassurante.

Cette situation motiva, au mois de mai 1645,