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différentes, celle de 1668 et celle de 1671 ; et de même que personne n’accusa Saint-Évremond de plagiat, en 1668 ; de même personne n’accusa la Rochefoucauld de plagiat, en 1678. D’autres Maximes de La Rochefoucauld se retrouvent ainsi dans des livres contemporains. La célèbre Maxime que l’hypocrisie est un hommage rendu à la vertu, est lettre pour lettre, dans les Mémoires de Hollande, attribués à Mme de La Fayette, et dont le manuscrit couroit aussi le monde, avant 1665. Dans un volume d’Œuvres inédites de La Rochefoucauld, récemment publié, on lit une lettre où il s’agit d’un volume imprimé par Barbin, et qui ne peut être que le Saint-Évremond de 1668. La Rochefoucauld n’y élève aucune réclamation pour revendiquer la propriété de sa pensée.

La Maxime de Saint-Évremond qu’on ne doit jamais manquer à ses amis, ne pouvoit échapper au coup d’œil de M. Cousin, par son air de parenté avec celles de La Rochefoucauld, et par sa liaison avec les discussions du salon de Mme de Sablé. « Il semble en vérité, dit-il, que Saint-Évremond ait assisté aux débats du salon de Mme de Sablé, sur la nature et les causes de l’amitié. » M. Cousin a même soupçonné que c’était Saint-Évremond qui, sous le nom de son libraire, s’était plu à offrir à la spirituelle marquise l’hommage de son talent. Cette supposition s’évanouit devant les explications que je viens de donner, mais le fond de la remarque de M. Cousin est parfaitement juste. De son œil pénétrant, il a vu la vérité, quoiqu’il ne s’y soit point arrêté, faute d’avoir eu sous la main les notes et les dates de Des Maizeaux.