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ment, lorsque Barbin a voulu imprimer ces trois pièces, en 1668, et sans l’aveu de l’auteur, il n’a obtenu de l’indiscret possesseur qui les lui a livrées, qu’un texte altéré par les copistes, et c’est celui qu’on lit dans toutes les anciennes éditions. L’altération est telle que Saint-Évremond ne s’y reconnut plus, lorsqu’on lui montra son ouvrage imprimé. Il voulut bien alors remettre à Des Maizeaux le texte original de la Maxime politique, et celui de la Maxime philosophique ; mais, pour celle de l’amitié, il ne voulut aucunement la corriger, quoiqu’il en avouât la plus grande partie : je dirai bientôt pourquoi. Il aima mieux que son éditeur la reléguât parmi ses ouvrages non authentiques. Des Maizeaux a exécuté ses ordres ; cette maxime est inter spuria, au tome VII de l’édition de 1753. C’est là que je l’ai prise, en préférant cependant la leçon de Barbin, qui indique, avec bonne foi, les lacunes, et jusqu’à un certain point les altérations. Mais le cachet de Saint-Évremond y est trop reconnoissable pour tromper personne, là où le texte primitif est respecté, et le tact exquis de M. Cousin ne s’y est pas trompé.

« En 1647, dit Des Maizeaux, M. de Saint-Évremond composa deux ou trois petits ouvrages, à l’occasion de quelques conversations qu’il avoit eues avec ses amis. C’étoient des réflexions sur les maximes suivantes : Que l’homme qui veut connoître toutes choses ne se connoît pas lui-même ; qu’il faut mépriser la fortune, et ne pas se soucier de la cour ; qu’il ne faut jamais manquer à ses amis. On imprima ces trois pièces à Paris, en 1668, mais toutes changées. M. de Saint-Évremond a rétabli les deux