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hommes ; les estimer ou les mépriser, selon leur mérite ou leurs défauts ; les aimer ou les haïr, selon le bien ou le mal qu’ils nous font ; ne manquer, en aucun temps, à la reconnoissance qu’on leur doit, cacher soigneusement les déplaisirs qu’ils nous donnent ; et, quand l’honneur ou l’intérêt nous veulent porter à la vengeance, respecter l’inclination du maître, dans la personne de l’ennemi ; ne confondre pas le bien public avec le nôtre, et ne faire jamais une guerre civile d’une querelle particulière.

« Qu’on les méprise, qu’on les haïsse, ce sont des mouvements libres, tant qu’ils sont secrets ; mais du moment qu’ils nous portent à des choses où l’État se trouve intéressé, nous lui devons compte de nos actions, et la justice a ses droits sur des entreprises si criminelles. »

Voilà la contre-Maxime que Saint-Évremond oppose aux formules séditieuses qui faisoient déjà pressentir la guerre civile : la révolte étoit dans l’air. Mais, vienne une victoire de Lens, et la reine n’hésitera pas à faire arrêter Broussel et Blancménil, et de revendiquer les droits de sa justice, que préconise Saint-Évremond. Je suis bien assuré que son ouvrage a eu l’approbation de Mme de Sablé, habitante alors de la place Royale, où sa belle-fille, la marquise de Boisdauphin, première épouse d’Urbain de Laval-Boisdauphin, frère aîné de Guy, avoit de son côté un salon de grande réputation, à coup sûr ouvert à Saint-Évremond, et qu’a regretté Scarron dans son Adieu au marais :

La non pareille Boisdauphine
Entre dames perle très-fine.

Conrart nous a laissé les archives des samedis de