Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

montrer, car je n’ai pensée au monde dont je ne le fisse confident.

J’aurois bien de la joie que le mariage du fils du marquis de Cœuvres se fît avec la fille de M. de Lionne le Ministre, ayant toujours été serviteur de MM. d’Estrées et de M. de Lionne, autant qu’on sauroit l’être. Mais, quand je songe que j’ai vu marier M. le marquis de Cœuvres ; que j’ai vu son fils à la bavette, venir donner le bonjour à M. de Laon[1], qu’il appeloit son tonton, je fais une fâcheuse réflexion sur mon âge ; et levant les yeux au ciel, avec un petit mouvement des épaules, je chante moins agréablement que Noblet :

Mais, hélas ! quand l’âge nous glace,
Nos beaux jours ne reviennent jamais.

Le bruit court ici comme à Paris, que la paix de Portugal est faite[2] ; mais la nouvelle en vient de Madrid. L’ambassadeur de Portugal[3], avec qui je joue à l’ombre tous les jours, n’en a aucune nouvelle de Lisbonne. Il se plaint, dans la créance qu’on donne à cette nouvelle-là, que le Portugal soit compté pour rien ; et voici son raisonnement : On croit, dit-il, la paix faite, parce qu’on sait que l’Espagne nous offre

  1. Ensuite cardinal d’Estrées.
  2. Elle fut signée le 25 de février 1668.
  3. Dom Francisco de Mélos dont il a été déjà parlé.