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LETTRE À MADAME LA DUCHESSE DE BOUILLON ,
SOUS LE NOM DE MADAME MAZARIN.
(1694.)

Il me semble, ma chère sœur, que je me suis expliquée tant de fois et si nettement, sur la demande qu’on me fait de déclarer mes intentions, qu’il n’y avoit aucun lieu d’en exiger un nouvel éclaircissement. Je vous proteste donc, ma chère sœur, que je n’ai aucun dessein de m’éterniser en Angleterre : tout mon but et mon souhait, c’est de me revoir en France avec ma famille ; mais je vous dis avec la dernière sincérité, qu’il me seroit autant possible de partir d’ici, sans payer mes dettes, que de voler. Je suis contrainte d’en faire tous les jours de nouvelles, quand je croyois recevoir de quoi acquitter les vieilles. Il y a peut-être une ou deux personnes de qualité, parmi mes créanciers, qui ne s’opposeroient pas à mon départ ; les autres ne souffriroient non plus ma banqueroute que les marchands. Croyez, s’il vous plaît, que j’ai plus d’envie de me voir libre, qu’on n’a de