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orateur. Jamais le Démosthène des Grecs ne lança ses foudres, avec tant de force, contre Philippe, que l’Érard des Français lance les siens contre Mme Mazarin. Mme Mazarin a une banque chez elle ; quel dérèglement ! Une bassette en sa maison ; quelle honte ! Elle y voit des épiscopaux et des presbytériens ; quelle impiété à une catholique, à la femme de M. Mazarin, appliqué sans relâche au bien des congrégations et des confréries ! Elle parle à des milords ; quelle dépravation de mœurs ! O tempora ! o mores !

Revenez, monsieur l’orateur, de la chaleur de votre éloquence au sang-froid. Les grands génies sont sujets à l’emportement ; permettez-vous un peu d’attention ; donnez-vous le loisir de considérer un peu les choses. Pensez-vous que trois grandes reines, dévotes et vertueuses, s’il y en eût jamais, que la reine Catherine, que la reine Marie qui est en France, que la reine régnante en Angleterre, que la princesse sa sœur qui a tant de régularité, pensez-vous qu’elles eussent eu des bassettes publiques à la cour, si la bassette n’étoit pas un divertissement honnête, un jeu innocent ?

L’accusation de voir des épiscopaux et des presbytériens est ridicule. Reprocher à Mme Mazarin de voir à Londres des protestants, c’est la même chose que reprocher à un protestant