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point. Il dira que M. Mazarin est dévot ; je l’avoue : mais sa dévotion fait honte aux plus gens de bien. Il dira qu’il jeûne, qu’il se mortifie ; il est certain : mais le tourment qu’il donne aux autres lui fournit plus de douceur que son austérité ne lui fait de peine. S’abstenir de nuire, s’empêcher de faire du mal, seroit une abstinence agréable à Dieu et utile aux hommes. Mais la mortification de M. Mazarin en seroit trop grande ; et, sans une grâce extraordinaire du ciel, il ne la pratiquera jamais.

M. Érard descendra peut-être de la religion à la morale, et parlera de sa libéralité : nous opposerons son avarice, en toutes les choses honnêtes, à sa prodigalité, en ce qui n’est pas permis. Pour mieux dire, il ne donne point, il dissipe ; il ôte à sa femme, à ses enfants, ce qu’il abandonne aux étrangers. Les vertus changeroient de nature entre ses mains, et deviendroient plus condamnables que les vices. Plût à Dieu, Messieurs, que nous eussions besoin de faux vices, comme en a M. Érard de fausses vertus ! Pour notre malheur, nous n’avons que trop de méchantes qualités véritables à vous alléguer. Des procès mal fondés avec les voisins, des inimitiés sans retour avec les proches, un traitement tyrannique aux enfants, une persécution éternelle à la femme,