Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses gardes pour la conduire sûrement hors du royaume, où elle ne pouvoit, ni ne vouloit demeurer. Après tant d’agitations, elle établit sa retraite à Chambéry, où elle passa trois ans tranquillement, dans les réflexions et dans l’étude ; au bout desquels elle vint en Angleterre, par la permission de Sa Majesté. Tout le monde sait la considération que le roi Charles et le roi Jacques ont eue pour elle ; tout le monde sait les grâces qu’elle en a reçues : grâces purement attachées à sa personne, sans aucune relation à la dette de M. le Cardinal. C’est donc aux seuls bienfaits de Leurs Majestés que Mme Mazarin a dû les moyens de subsister ; car son époux, aussi juste et charitable que dévot, lui a fait ôter la pension que le roi de France lui avoit donnée.

Que vous agissez peu chrétiennement, monsieur Mazarin, vous qui ne parlez que de l’Évangile ! Les vrais chrétiens rendent le bien pour le mal ; vous laissez mourir de faim une femme qui vous a apporté plus de bien en mariage, que toutes les reines de l’Europe ensemble n’en ont apporté aux rois, leurs époux. Les vrais chrétiens pardonnent les injures qu’on leur fait ; vous ne pardonnez pas les outrages que vous faites. Une persécution en attire une autre ; par une humeur qui s’aigrit, par un esprit qui s’irrite, en faisant le mal, vous aug-