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le sujet de Mme Mazarin, avec autant de méchanceté que d’impudence.

À la mort de M. le Cardinal, les courtisans qui ne connoissoient pas encore la delicatesse du goût du roi, appréhendèrent que M. Mazarin ne fût héritier de la faveur, comme des biens et du nom de Son Éminence. On a ouï dire à M. de Turenne, que « s’il voyoit cette indignité-là, il quitteroit la France avec la même facilité qu’il l’avoit quittée autrefois, pour aller servir M. le Prince. » Le maréchal de Villeroi, qui devoit mieux connoître le discernement de Sa Majesté, pour avoir été son gouverneur, ne laissoit pas d’avoir ses appréhensions. Le maréchal de Clerembaut qui s’étoit signalé à rendre ce mariage ridicule, fut alarmé : mais M. Mazarin, plus dans leurs intérêts que dans les siens, demeura seulement à la Cour autant de temps qu’il en falloit pour se décrier, et donner au Roi le judicieux mépris qu’il a conservé pour sa personne.

Toutes les craintes néanmoins ne furent pas levées : on eut peur que le maréchal de la Meilleraye, qui avoit tenu dans son temps le premier poste à la guerre, ne servît d’exemple à son fils pour s’y donner la plus grande considération. M. Mazarin étoit trop homme de bien pour laisser le monde dans cette erreur : il renonça à la guerre, comme il avoit fait