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beau pays. L’Angleterre pourtant ne laisse pas d’avoir ses commodités : beaucoup de guinées, avec la liberté d’en jouir à sa fantaisie.

Je ne puis continuer cette sorte de discours. Pour amuser ma douleur, toute diversion m’est nécessaire ; mais l’usage en est bien difficile, quand je songe que je ne vous verrai jamais. Je vous regarde comme une personne morte à mon égard : toutes vos bonnes qualités s’offrent à moi pour m’affliger, et je ne saurois envisager aucun défaut qui me console. Plût à Dieu que vous m’eussiez laissé quelque sujet de plainte plus piquant que l’abandonnement à mon peu de mérite ! Un juste ressentiment de quelque injure m’animeroit contre vous ; mais votre mépris m’oblige à me faire une justice fâcheuse, et ne me laisse rien à vous reprocher. Ma lettre me servira d’adieu, s’il vous plaît ; car je n’aurai pas la force de vous le dire, et je pleurerai dans ma chambre, comme je fais déjà, pour m’épargner la honte à mon âge de répandre des larmes en public. Souvenez-vous quelquefois d’un ancien serviteur. Je crains pourtant ce que je demande ; car vous ne vous en souviendrez que dans la vérité de mes prédictions, et j’aime beaucoup mieux qu’elles soient fausses et être oublié.

Pour vous, Madame, vous ne serez jamais oubliée des personnes qui ont eu l’honneur de