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tés d’un mari qui la force, l’injustice d’une cour qui appuye son mari : elle a mille objets vrais ou faux qu’elle peut accuser. Vous n’avez que vous, Madame, pour cause de votre infortune ; vous n’avez à condamner que votre erreur. Dieu vous explique ses volontés par ma bouche, et vous ne m’écoutez pas : il se sert de mes raisons pour vous sauver, et vous ne consultez que vous pour vous perdre. Un jour accablée de tous les maux que je vous dépeins, vous songerez, mais trop tard, à celui qui a voulu les empêcher.

Peut-être êtes-vous flattée du bruit que fera votre retraite ; et, par une vanité extravagante, vous croyez qu’il n’y a rien de plus illustre que de dérober au monde la plus grande beauté qu’on y vit jamais, quand les autres ne donnent à Dieu qu’une laideur naturelle, ou les ruines d’un visage tout effacé. Mais depuis quand préférez-vous l’erreur de l’opinion à la réalité des choses ? Et qui vous a dit, après tout, que votre résolution ne paroîtra pas aussi folle qu’extraordinaire ? Qui vous a dit qu’on ne la prendra pas pour le retour d’une humeur errante et voyageuse ? Qu’on ne croira pas que vous voulez faire trois cents lieues pour chercher une aventure, céleste si vous voulez, mais toujours une espèce d’aventure ?

Je ne doute point que vous n’espériez trou-