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d’affaires, quelque apparence qu’on voie de l’être, je trouvai à propos de promettre d’aller, de peur qu’elle ne me vînt querir elle-même. Quand l’heure du diner fut passée sans que je parusse, elle m’envoya conjurer une seconde fois de ne pas faillir d’y aller avant le soir ; je m’excusai le mieux que je pus d’avoir manqué de parole, et je promis encore plus positivement cette fois que l’autre ; mais voyant dix heures du soir passées sans avoir de mes nouvelles, elle monta en carrosse et s’en vint droit à Paris. Elle avoit fait plus de la moitié du chemin quand elle rencontra mon frère. Il en étoit parti en même temps que moi, pour aller faire part à M. de Louvois de mon voyage. Elle lui demanda fort brusquement, où j’étais, mais il lui demanda à elle-même, si elle ne m’avoit pas rencontrée ? Et comme elle lui dit que non ; il faut donc, lui répondit-il froidement, qu’elle ait pris par l’autre chemin, car je l’ai vue partir devant que moi.

À trois heures après minuit, M. Mazarin fut éveiller le Roi pour le prier de faire courir après moi ; mais le Roi eut la générosité de lui répondre, qu’il voulait garder la parole, qu’il avoit donnée de ne se mêler plus de nos affaires, quand il avoit dé-


du cardinal ? Il a mis tous les biens du monde, et tous les honneurs entre les mains de gens qui confessent par leur misérable conduite, qu’à eux n’appartient pas tant de braverie. Si le chevalier de Rohan est véritablement amoureux, je le tiens au désespoir sur les défenses qu’on lui a faites. S’il ne veut faire que du bruit, et qu’il n’ait que de la vanité, il a contentement. (Lettres du comte de Bussy-Rabutin, t. I, lettre 121, p. 122, édit. Lalanne.)