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d’en être, et m’envoya en Bretagne tenir compagnie à son père qui étoit aux États. Pendant qu’il disposoit son départ à Paris, il apprit par les espions, dont il m’environnoit toujours, que je me divertissois fort ; il en tomba malade de chagrin, et me manda en diligence. Son père, qui apprit en même temps que les médecins l’envoyoient à Bourbon, ne voulut pas me laisser partir, disant qu’il ne falloit point avair de femme pendant qu’on buvoit les eaux. Il tomba évanoui de douleur en recevant cette réponse ; et après plusieurs courriers, son père m’ayant à la fin laissée partir, je fus le mener à Bourbon, où je demeurai un mois enfermée avec lui dans une chambre à lui voir rendre ses eaux, sans visiter seulement Mme la Princesse qui y étoit, et à qui il a l’honneur d’appartenir. Il n’avoit pu croire d’abord que ce fût son père qui m’eût arrêté en Bretagne, et quelque assurance qu’il en eût depuis, il soutint toujours que j’avois mieux aimé m’y divertir que de le venir consoler dans son malheur. Il m’auroit été aisé de m’en justifier, s’il eût voulu m’entendre ; mais c’étoit ce qu’il fuyoit le plus, parce que tout le tort se trouvoit de son côté dans les éclaircissements, et il ne vouloit jamais avouer de s’être trompé. Rien ne m’a plus affligée de lui, que cette aversion qu’il avoit pour s’éclaircir, parce qu’il en prenoit droit de me traiter toujours comme coupable.

Quelque temps après ayant été obligé, pour le service du Roi, d’aller en Bretagne, il se mit si fortement en tête de m’avoir près de lui, et écrivit des choses si étranges sur ce sujet à l’abbé d’Effiat son proche parent, que je fus obligée de partir de