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dans une charge beaucoup plus élevée. Elle me dit son nom, et le dit aussi au Roi à qui elle fit fête de ma prétendue inclination, et pour qui elle n’avoit rien de secret. M. le cardinal le sut bientôt après ; et croyant que ce fut toute autre chose que ce n’étoit, il m’en parla avec un emportement étrange. C’étoit justement le vrai moyen de faire quelque chose de rien ; et si j’avois été capable de m’engager par dépit, les reproches qu’il me fit m’auroient fait résoudre à les mériter. Comme le cavalier étoit familier dans la maison, le bruit que M. le cardinal avoit fait alla jusqu’à lui, et lui fit peut-être venir une pensée qu’il n’avoit pas. Quoi qu’il en soit, il trouva le moyen de me la faire connoître, et il ne tint pas à ma sœur que je ne répondisse à sa passion, au lieu de la mépriser.

Cependant M. le cardinal empiroit à vue d’œil. Le désir d’éterniser son nom l’emporta sur l’indignation qu’il avoit conçue contre moi ; il s’en ouvrit à l’évêque de Fréjus, et lui demanda son avis sur plusieurs parus qu’il avoit dans l’esprit. L’évêque, gagné par M. Mazarin, moyennant une promesse de cinquante mille écus, n’oublia rien pour les mériter. Il ne les a pourtant jamais touchés. Il rendit le billet qu’on lui en avoit fait d’abord, en lui laissant entendre qu’il aimerait mieux l’évêché d’Évreux s’il se pouvoit ; mais le Roi en ayant disposé ailleurs, après deux mois d’importunité de M. Mazarin, M. de Fréjus redemanda les cinquante mille écus, et M. Mazarin ne se trouva plus en état de les donner.

Aussitôt que le mariage fut conclu, il m’envoya un grand cabinet, où entre autres nippes il y avoit