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La Gouvernante, à Angélique.

Vous n’avez plus de fils.Vous voyez ce qu’opere
Votre indiscrétion.

Sainville.

Votre indiscrétion.Je n’y survivrai pas.
(à la Baronne.)
Ah ! Madame, c’est vous qui voulez mon trépas.

La Baronne.

Qui ? moi !

Sainville.

Qui ? moi !Vous permettez qu’Angélique me fuie ;
Sa mere me l’arrache, elle emporte ma vie.

La Baronne.

Voilà ce que j’ignore.

Sainville.

Voilà ce que j’ignore.Arrêtez donc leurs pas ;
Mais un pere cruel n’y consentira pas.

Le Président.

Qui vous dit que j’exige un si grand sacrifice ?
Nos enfants n’ont jamais su nous rendre justice.
(à la Gouvernante.)
Madame, épargnons-nous des discours superflus.
Nous nous connoissons tous, ne dissimulons plus ;
Ce désaveu cruel n’a rien qui m’en impose.
J’ai voulu réparer les maux dont je suis cause ;
Vos refus m’ont porté le poignard dans le sein :
(en montrant la Baronne.)
Madame en est témoin. Est-ce votre dessein
Que le pere & le fils périssent l’un par l’autre ?
C’en est fait si mon sang ne s’associe au vôtre.