Est-ce là, de sa foi, le garant immortel ?
Dès que nous le pourrons, nous irons à l’autel,
confirmer, en secret, cette union parfaite…
vous en serez témoin… Êtes-vous satisfaite ?
Sur-tout, ne dites rien de ma félicité ;
Gardez bien le secret.
De vous envelopper des ombres du mystere,
Auroit dû vous donner un remords salutaire.
Voyez quel est l’abîme où vous vous enchaînez !
Ces nœuds défectueux, toujours infortunés,
Sont un piège couvert d’une fausse espérance,
Un écueil invisible aux yeux de l’innocence,
Et qu’elle n’aperçoit que lorsqu’il n’est plus tems.
Ah ! pourquoi voulez-vous l’apprendre à vos dépens
Eh ! n’est-on pas assez à plaindre quand on aime ?
Un Amant n’est déjà que trop fort par lui-même,
Sans lui fournir encor des titres & des droits,
Dont on a vu l’amour abuser tant de fois.
Je ne serai jamais dans ce cas déplorable.
La sagesse n’est pas toujours inaltérable ;
C’est en vain qu’on se flatte, & qu’on croit être sûr
De ne brûler jamais que du feu le plus pur ;
Malgré soi-même, enfin, l’on manque à sa promesse,
Et l’on cede, par force, à sa propre foiblesse :
Tout se découvre alors, un nœud si criminel
Ne laisse, en se brisant, qu’un opprobre éternel.