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Angélique.

Vous mettez tout au pis.

La Gouvernante.

Vous mettez tout au pis.Je ne fais que prévoir.
Je ne soutiendrai point cette disgrace affreuse.

Angélique.

Ne craignez rien pour moi, je serai plus heureuse.

La Gouvernante.

Vous ne le voulez pas, j’en mourrai de douleurs,
Et ce sera pour vous le moindre des malheurs.
Je sçais que la retraite, à des gens de votre âge,
N’offre pas d’elle-même une riante image ;
La jeunesse s’en fait un portrait peu charmant,
Bientôt l’expérience en décide autrement.
Que ne m’est-il permis de vous citer la mienne ?
Mais vous n’y croirez pas, on ne croit que la sienne ;
À tout ce qu’il vous plaît, il faut se conformer ;
On ne veut pas vous perdre. Eh ! qui pourroit former
Un projet, un complot si cruel ? Non, vous dis-je,
Un sacrifice entier n’est point ce qu’on exige :
Bien loin de vous réduire à cette extrémité,
Consentez seulement, pour un temps limité,
D’essayer avec moi d’un séjour plus tranquille,
Jusques au mariage…

Angélique.

Jusques au mariage…Eh ! de qui ?

La Gouvernante.

Jusques au mariage…Eh ! de qui ?De Sainville.
Convient-il à vos yeux d’en être les témoins ?