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L’hommage du marquis est bien éblouissant.
Plaise à l’Amour que je m’abuse.

Rosette.

Il est vrai que l’on nous accuse
D’apporter toutes en naissant
Ce malheureux levain de la coquetterie,
Et ce goût effréné pour la galanterie.
Nous pourrions à bon titre en dire autant de vous.
Mais, sans récriminer, croyez que parmi nous
Il est encor des cœurs dignes d’un honnête homme.
D’ailleurs, en vains soupçons votre esprit se consomme ;
Le Marquis choisit mieux.

Doligni fils.

Le Marquis choisit mieux.Eh ! peut-il mieux choisir ?

Rosette.

Marianne est sans doute extrêmement aimable :
La bonté de son cœur la rend inestimable.
C’est un trésor. Heureux qui pourra s’en saisir !
Mais enfin, par vous seul, en silence adorée,
Marianne est presque ignorée.
On ne la connoît point à la Ville, à la Cour :
Et les gens du bel air ne rendent point les armes,
Si la célébrité n’est jointe avec les charmes.
Chez eux, la gloire a pris la place de l’amour.
Tel est ce cher Marquis d’impression nouvelle.
Un des plus grands travers qui troublent sa cervelle,
C’est qu’aucune Beauté ne sçauroit le tenter,
Qu’autant qu’elle est de mode, & qu’il voit autour d’elle
La cour la plus brillante. Il aime à supplanter.