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Scène VIII.

FRONTIN, NÉRINE.
Frontin, tenant un paquet de papier.

Ah ! te voilà, Nérine ! Enseigne-moi mon Maître.

Nérine.

Il faut que je t’étrangle. Approche, double traître.
Ton Maître est marié ; tu m’en fais un secret ?

Frontin.

Si j’en sçais rien, je veux être étranglé tout net.
Mon Maître est un sournois comme on n’en trouve gueres :
Oui, je crois que le diable est son homme d’affaires.
Je le trouvai jadis en pays étranger :
Il n’a, depuis ce tems, cessé de voyager.
Ce n’est que depuis peu, que nous sommes en France.
Il n’a fait, que je sçache, aucune connoissance ;
Si ce n’est chez Geronte, où tu sçais bien comment
Il n’a pu refuser de prendre un logement.
Oh ! s’il est marié, ce que je ne puis croire,
Ce n’est pas de mon bail : c’est quelque vieille histoire…
Bon ! il n’a point de femme appartenante à lui ;
Par-tout il a roulé sur le compte d’autrui.

Nérine.

C’est un fait. D’où viens-tu ?