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Scène VII.

LÉONORE, NÉRINE.
Léonore.

Il est donc marié ?… Que devient mon amour ?
Nérine, je l’aimois… Sa présence funeste
N’eût fait qu’entretenir un feu que je déteste.
Est-ce là le bonheur dont mon cœur s’est flatté ?
Rassure-moi ; je crains d’avoir trop éclaté.
Ai-je pû contenir ma colere trop prompte ?
N’en ai-je point trop dit ? Ah ! je mourrois de honte.

Nérine.

Je ne puis qu’approuver un trop juste dépit.
Mais quel sens peut avoir un mot qu’il vous a dit,
Qu’un prompt événement peut changer sa fortune ?

Léonore.

Ah ! ne te donne point une gêne importune.
Quand la nécessité ramene ma raison,
Cesse de retarder encor ma guérison.
C’est assez… Va chercher l’épouse de Geronte.
De tout ce qui se passe, il faut lui rendre compte.
Pour ne plus voir Damon, qui part dans un moment,
Je vais me renfermer dans mon appartement.