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Avec plus de mystere, être plus indiscrette.
Mais je ne puis répondre à ce qu’elle souhaite.

Léonore.

On croyoit que Julie auroit dû vous charmer.
Quoi ! ses attraits naissans n’ont pû vous enflammer ?

Damon.

Ah ! tout autre que moi doit lui rendre les armes.

Nérine.

Vous ne l’aimez donc pas ?

Damon.

Vous ne l’aimez donc pas ?Non. J’échappe à ses charmes.
Vous seriez exposée à des soupçons jaloux.
Orphise, avec raison, n’accuseroit que vous
Du refus que je fais de prendre cette chaîne.
Sa pénible amitié se changeroit en haine.
Sans compter d’autres maux trop aisés à prévoir,
Je payerois trop cher le plaisir de vous voir.

Léonore.

Vous le voulez ? Il faut approuver votre zele.

Nérine.

Allez, Monsieur, allez où l’amour vous appelle.

Damon.

De quoi m’accusez-vous ? Je m’exile chez moi.
D’ailleurs, si quelqu’objet me tenoit sous sa loi,
Hélas ! je n’aurois point de retour à prétendre ;
Mon coeur s’entretiendroit dans l’amour le plus tendre,
Sans laisser éclater le moindre de ses feux.

Nérine.

Tenez Monsieur, j’ai peine à croire au merveilleux :