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Des motifs plus pressans, d’autres peines secrettes…

Nérine.

Quoi ! vous partez, Monsieur ?

Damon, à Léonore.

Quoi ! vous partez, Monsieur ?Oui, Madame, je fuis ;
Je fais ce que je dois, & plus que je ne puis.

Nérine.

Si la maison vous plaît ?

Damon, à Léonore.

Si la maison vous plaît ?Que trop ?

Nérine.

Si la maison vous plaît ?Que trop ?Hé ! qui vous presse ?

Damon, à Léonore.

Mon honneur, ma raison, le danger, ma foiblesse ;
Votre repos, enfin.

Léonore.

Votre repos, enfin.Mon repos, dites-vous ?

Damon, à Léonore.

Ah ! Madame, daignez m’écouter sans courroux.
N’y cherchez point un sens coupable & téméraire.
Oui, pour votre repos, ma fuite est nécessaire.
Orphise dans ces lieux cherche à me retenir ;
Et c’est ce qui m’a fait résoudre à me bannir.
Car enfin je dois voir ce qu’on rend trop visible,
Sa bonté m’est à charge, & vous seroit nuisible.

Nérine.

Quoi ! vous sçavez déjà le bien qu’elle vous veut ?

Damon.

Quelqu’un l’ignore-t-il ? Non, jamais on ne peut