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Frontin.

Je crois que Léonore arrête ici mon Maître ;
Mais qu’à cause d’Orphise il tient ses feux secrets.
Quand Damon acheta cette Terre ici près,
Tu sçais que le château n’étoit pas praticable ;
Et qu’il étoit besoin pour le rendre habitable…

Nérine.

Oui, je sçais qu’il fallut le faire rétablir.

Frontin.

Geronte, en attendant, s’en vint nous accueillir ;
Et, comme un bon voisin, nous offrir un azile.
Nous vînmes donc chez lui. Mais notre domicile
Est depuis quelque tems en état d’y loger :
Mon Maître cependant paroît n’y pas songer.

Nérine.

Ta remarque est juste. Oui… Mais la fille d’Orphise…

Frontin.

Julie ? Ah ! si mon maître en avoit l’âme éprise,
Son amour oseroit paroître à découvert.
Léonore est trop fiere ; & sa fierté nous perd.

Nérine.

Les femmes ne sont pas tout ce qu’elles paroissent.
J’en aurai le cœur net.

Frontin.

J’en aurai le coeur net.Les femmes se connoissent.

Nérine.

Léonore m’appelle. Adieu. Cela suffit.
Je m’en vais travailler sur ce que tu m’as dit.