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Frontin.

Et vint nous apporter…Un brevet de veuvage ?

Nérine.

Oui. Nous vîmes la fin d’un si long esclavage.
Cet oncle généreux nous retira chez lui.

Frontin.

Mais je ne vois point là tant de sujet d’ennui ;
Car Léonore est veuve, & dans le plus bel âge.

Nérine.

Douze ans d’absence ont mis tous ses biens au pillage :
C’est pour les recueillir, ou du moins leurs débris,
Que Geronte est allé faire un tour à Paris.
S’il ne réussit pas dans ses justes poursuites,
Vois l’état malheureux où nous serons réduites.
Geronte a pour sa niéce une tendre amitié ;
Mais tu sçais qu’on ne peut vivre avec sa moitié.
Il le faudra, peut-être. Est-il enfer plus rude,
Que d’être à la merci d’une maudite prude,
Toujours contente d’elle, & jamais du prochain ;
Dont la vertu bruyante insulte au genre humain ?
Joins à l’humeur d’Orphise un sujet infaillible,
Qui la rendra pour nous encore plus terrible :
Elle a, d’un premier lit, une fille à pourvoir.

Frontin.

Ceci m’ouvre l’esprit ; & je crois entrevoir…
Que je n’étois qu’un sot… Oui.

Nérine.

Que je n’étois qu’un sot… Oui.Cela peut bien être.