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C’est par des gens comme eux que leurs discours sont crus.

Monrose.

Dans la rage où je suis, je ne me connois plus.

Aramont.

Opposez le courage à cette calomnie.

Monrose.

Du courage ! En est-il contre l’ignominie ?
On la mérite alors qu’on peut la supporter.

Aramont.

Demeurez ; c’est à quoi j’ose vous exhorter.

Monrose.

Non ; tu n’entendras plus parler d’un misérable.
Je comptois que mon nom me seroit favorable :
Il faut l’abandonner. Je ne dois plus songer
Qu’à me cacher. Je vais me perdre & me plonger
Dans une obscurité la plus impénétrable.
Périssent ma mémoire, & le sang déplorable
Qui m’a fait naître !

Aramont.

Qui m’a fait naître ?Ô Ciel !

Monrose.

Qui m’a fait naître ?Ô Ciel !Et toi, laisse-moi fuir.
Pour la dernière fois, ne te fais point haïr.
Adieu.