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Aramont.

Les effets du défunt, & tous les biens d’Hortence.
L’on croit que je vous ai prêté mon assistance.

Monrose.

Ah ! ciel ! quelle noirceur ! Je deviens furieux.
D’où peuvent provenir ces bruits injurieux ?
L’horreur qu’on m’attribue est-elle imaginable ?
Ah ! si j’en connoissais l’auteur abominable !…
Jusques à mon honneur, quoi ! l’on ose attenter !

Aramont.

Il n’est point de malheur qui ne puisse augmenter.

Monrose.

Qui peut avoir fondé cette imposture affreuse ?

Aramont.

Mon amitié constante, & toujours malheureuse.
Sans elle notre honneur seroit encore entier.
Je vous ai fait passer pour un riche héritier.
Ces bruits avantageux m’ont paru nécessaires
Pour vous donner le tems d’arranger vos affaires.
Je les ai répandus ; c’étoit pour votre bien.
On m’a cru. Cependant il ne s’est trouvé rien.
Et je suis soupçonné… Vous devinez le reste.

Monrose.

Quoi ! l’amitié m’aura toujours été funeste !
De mes jours malheureux elle est donc le fléau ?
Le Sort me réservait ce supplice nouveau.

Aramont.

Soyez sûr que ces bruits ne seront pas durables :
Vous n’êtes accusé que par des misérables