Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 1.djvu/381

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aramont.

Ma Maîtresse ; mais…Moi !

Clorine.

Ma Maîtresse ; mais…Moi !La ressource est commode.
Ruiner une femme est si fort à la mode,
Que ce n’est presque plus la peine d’en parler.
On ne voit autre chose ; & c’est un pis-aller
Permis, & toujours sûr. On ne s’en fait pas faute.

Aramont.

Vous vous formez de nous une idée assez haute.

Clorine.

Vous n’aviez pas dessein de m’en faire changer.
Notre sexe, vous dis-je, est un peuple étranger,
Un ennemi, sur qui tout est de bonne prise :
Ce sont-là des exploits que l’Amour autorise.

Aramont.

Mais sachez donc…

Clorine.

Mais sachez donc…Je sçais que, pour notre malheur
Vous ne traitez pas mieux nos biens que notre honneur.

Aramont.

Quand vous aurez lassé votre langue maudite,
J’espere…

Clorine.

J’espere…On vient. J’ai fait, j’ai dit, & je vous quitte.