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Je l’ai trop estimé, pour ne pas l’excuser.
Que savons-nous ? Sans doute il n’a pû refuser.
D’ailleurs j’étois exclus ; je n’y pouvois prétendre.
C’étoit des biens vacans, des graces à répandre :
Ariste en était digne ; il en est revêtu ;
Et la Cour a du moins décoré la vertu.

Dornane.

La vertu !… C’est un fourbe, & je ne puis m’en taire.
Mais s’il t’avoit servi, comme il auroit dû faire,
Et comme j’eusse fait, en parlerois-tu mieux ?
Rends-lui justice : va, c’est un monstre odieux.
Voilà mon dernier mot. Je le lui dirois en face ;
Et je l’afficherois… Si j’étois à ta place,
Nous nous verrions de près.

Aramont.

Nous nous verrions de près.L’avis est assez doux.

Dornane.

Je n’écouterois plus qu’un trop juste courroux ;
Du haut de sa grandeur je le ferois descendre,
Ou je le forcerois du moins à la défendre.

Aramont.

Par ma foi, ce seroit des exploits mal placés.
Son deshonneur nous verge, & le punit assez.

Dornane.

Et sur ce foible espoir sa vengeance se fonde ?
Se deshonore-t-on maintenant dans le monde ?
Voit on que cette crainte alarme bien des gens ?
N’en soyons point surpris. Nous sommes indulgens :