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Monrose.

Tu l’en crois incapable ? Il n’est pas de ton goût.

Dornane, ironiquement.

Ma foi, je crois qu’Ariste est capable de tout.
Apprends où t’a conduit une erreur trop durable.
Cet homme vertueux, ce sage inaltérable,
Toujours pur au milieu d’un air empoisonné,
Qui paroissoit avoir acquis & moissonné
De nouvelles vertus, où l’on n’a que des vices ;
Ce rare Courtisan, fameux par ses services,
Dont tout autre que lui se seroit prévalu,
Qui pouvant être tout ce qu’il auroit voulu…

Monrose.

Tu parois ironique !

Dornane.

Tu parois ironique !Il faut cesser de l’être.
Ce grave personnage, Ariste n’est qu’un traître.
C’est lui qui te dépouille ; il a tout envahi.

Monrose.

Cela ne se peut pas.

Aramont.

Cela ne se peut pas.Ariste l’a trahi !

Dornane.

Lui-même ; il a commis une action si basse.
Va le féliciter, te dis-je, il est en place.
Au moment que je parle, entouré de flatteurs.
Le coupable & son crime ont des adulateurs
Eh ! bien, que penses-tu d’un tour de cette espece ?

Monrose.

Ah ! daignez vous prêter à ma délicatesse :