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Aramont.

Est-ce ma faute, à moi, si l’on paye vos dettes ?
J’ignore à qui l’on doit imputer ce bienfait :
Mais je n’ai point de part au tour que l’on vous fait.
Il est bien vrai qu’Hortence a voulu me séduire.
Puisqu’enfin l’on m’y force, il faut vous en instruire.
Elle avoit fait porter chez moi ses diamans :
Ils y sont : venez-y ; vous verrez si je mens.

Monrose.

Ils y sont ? Et pourquoi ? Ne pouviez-vous les rendre ?

Aramont.

Eh que diable ! ai-je pû les lui faire reprendre ?
Ce que veut une femme est écrit dans le Ciel.
Enfin, j’ai tenu bon : voilà l’essentiel.
J’ai fait ce que j’ai pû contre cette obstinée,
Jusqu’à lui découvrir qu’elle étoit ruinée.

Monrose.

Nous étions convenus que tu n’en dirois rien,
Puisque j’ai résolu d’y suppléer du mien.

Aramont.

Elle a, sans sourciller, appris cette nouvelle.
Alors, pour votre honneur, & par pitié pour elle,
J’ai cru que je devois lui dire franchement
Qu’elle n’est plus l’objet de votre attachement.

Monrose.

Moi ! je ne l’aime plus ! Moi ! je suis infidele !

Aramont.

N’avez-vous pas rompu cette chaîne cruelle ?
Je l’ai cru.