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Hortence.

Cessez de me séduire.Eh ! quoi ! vous hésitez ?
Puis-je mieux employer des superfluités,
Qui ne seroient pour moi qu’une charge importune ?
N’auroit-il pas joui de toute ma fortune ?

Aramont.

Il l’auroit partagée.

Hortence.

Il l’auroit partagée.Eh ! peut-on me blâmer ?
C’est un infortuné que l’on m’a fait aimer…
C’est l’ami le plus cher que vous ayez au monde :
C’est sur vous à présent que notre espoir se fonde :
Par-là vous détournez son plus pressant malheur ;
Et bientôt il devra le reste à sa valeur.

Aramont.

Ce seroit le moyen de lui sauver la vie.

Hortence.

Hé bien, sauvez-le donc.

Aramont.

Hé bien, sauvez-le donc.J’en aurois bien envie ;
Mais si, par un malheur que je ne puis prévoir,
Monrose quelque jour venoit à le sçavoir ;
Comptez qu’il en auroit une douleur amere,
Et qu’il m’accableroit de toute sa colere.
Je le connois, Madame ; il seroit furieux.

Hortence.

Mais il seroit sauvé. Lequel aimez-vous mieux ?
Son courroux est-il plus à craindre que sa perte ?
Comment en feroit-il la moindre découverte ?