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Pour craindre de vous mettre avec moi de moitié.

Aramont.

Sûrement.

Hortence.

Sûrement.Unissons… l’amour & l’amitié.
Cachez-moi la surprise où ce discours vous jette.
Votre ami va périr. Je sçais ce qu’il projette.
Puisque le sort s’obstine à le persécuter,
Vous ne l’ignorez pas, il va s’exécuter.
S’il vend son Régiment, sa perte est infaillible :
Il met à sa fortune un obstacle invincible.

Aramont.

Il est vrai ; son dessein est de quitter la Cour :
Son malheur l’y contraint ; ce sera sans retour.
Que ne puis-je empêcher ce cruel sacrifice ?
Ma fortune, mes biens, seroient à son service ;
Je saurois employer des moyens détournés :
Mais malheureusement mes pouvoirs sont bornés.

Hortence.

Oserois-je vous prendre à vos propres paroles ?

Aramont.

Je ne fais point ici des avances frivoles ;
Et je voudrois pouvoir me vendre ou m’engager.
Je n’ai qu’un revenu modique & viager ;
C’est à quoi me réduit la fortune cruelle.
Pour la premiere fois je murmure contre elle.
Les malheurs d’un ami me font sentir les miens.

Hortence.

Si quelqu’un par hazard vous offroit des moyens…