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Ariste.

Que deviendront ces nœuds que l’amour avoit faits ?
Votre cœur, votre main, sont les plus grands bienfaits
Que puissent procurer l’Amour & la Fortune.
L’espoir va ranimer une foule importune.
On cherchera sans doute à forcer votre choix :
Vous ressouviendrez-vous qu’un autre avoit des droits ?…

Hortence.

Celui dont vous parlez mérite mon estime.

Ariste.

Un sentiment plus doux est-il moins légitime ?

Hortence.

Monsieur, vous m’étonnez !

Ariste.

Monsieur, vous m’étonnez !Par des nœuds pleins d’appas
Vous alliez être unis.

Hortence.

Vous alliez être unis.Nous ne le sommes pas.

Ariste.

Quoi donc ? Que voulez-vous par-là me faire entendre ?

Hortence.

Que pour m’abandonner au penchant le plus tendre,
Il faudroit que l’hymen m’en eût fait un devoir.

Ariste.

Quand l’Amour vous auroit soumise à son pouvoir,
Sur la foi d’un hymen prochain & convenable…

Hortence.

À vos yeux, comme aux miens, j’eusse été condamnable.