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Scène III.

ARISTE, HORTENCE.
Ariste.

Ah ! Madame, excusez… en ce même moment
J’allois vous prévenir dans votre appartement.

Hortence.

Monsieur, j’ai su l’honneur que vous vouliez me faire.

Ariste.

C’en est donc fait, Madame ! un départ nécessaire
Éloigne de la Cour son plus bel ornement ?
Il est bien douloureux de vous perdre, au moment
Où tout sembloit devoir fixer ici vos charmes.
Que vous allez coûter de soupirs & de larmes !

Hortence.

Je sçais apprécier des discours si flatteurs.

Ariste.

Ce sont les sentimens qui sont dans tous les cœurs.
Madame, il en est un, sans vous parler du reste,
Pour qui ce contre-tems doit être bien funeste.
Il sembloit être fait pour vous appartenir.
Pourrez-vous conserver un tendre souvenir ?
Vous garantirez-vous des effets de l’absence ?

Hortence.

Elle n’en aura point sur ma reconnoissance.