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Et dont vous vous devez mettre en possession.
Tout le reste n’est point de leur succession.

Monrose.

Ma poursuite, Monsieur, n’est donc pas raisonnable ?

Ariste.

La façon pouvoit être un peu plus convenable.
Lorsque j’ose avancer qu’il ne vous est rien dû,
Je ne dis pas, Monsieur, qu’il vous soit défendu
D’employer les moyens qui sont à votre usage,
Pour sauver le débris d’un aussi grand naufrage.
Vous y devez songer ; & je dois vous aider.

Monrose.

Je ne vois pas en quoi j’ai pû me dégrader.
Ce seroit trop payer la plus haute fortune.
Non, non, Monsieur, perdez cette crainte importune.
Je ne sçais point jouer un rôle humiliant ;
Et l’on peut demander, sans être suppliant.
J’ai fait solliciter, avec cette décence,
Et cette liberté digne de ma naissance.
J’en aurois épargné la peine à mes amis ;
Mais enfin, ma santé ne me l’a pas permis.
S’ils ont agi pour moi, c’est sans me compromettre.
J’ai même écrit en Cour…

Ariste, remettant une lettre à Monrose.

J’ai même écrit en Cour…La voici cette lettre.
Quelqu’un veilloit pour vous. Son bonheur a permis
Qu’il ait su le danger où vous vous étiez mis.
Quoi ? vous osez, Monsieur, dans l’état où vous êtes,
Poursuivre des bienfaits comme on poursuit des dettes !