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Ariste.

Votre sécurité me semble inconcevable.

Monrose.

J’apprends de toutes parts le bonheur que j’attends.
N’ai-je pas à la Cour des droits assez constans ?
Et d’ailleurs, un refus est-il en sa puissance ?
Je dois tout espérer de sa reconnaissance.

Ariste.

Dites de ses bontés.

Monrose.

Dites de ses bontés.Je réclame mon bien.

Ariste.

Vous méritez beaucoup ; mais on ne vous doit rien.

Monrose.

Du moins on doit à ceux dont le Ciel m’a fait naître.

Ariste.

Vous vous faites un droit qui pourroit ne pas être :
Vos ayeux ont chacun obtenu dans leur tems,
Le prix que méritoient leurs services constans.
Ce sont leurs actions, plutôt que leurs ancêtres,
Qui les ont fait combler des faveurs de leurs maîtres,
Et monter aux honneurs que vous sollicitez.
Les bienfaits sont à ceux qui les ont mérités.
Les graces ne sont point des biens héréditaires ;
Nous n’en sommes jamais que les dépositaires :
Mais par la même voye on peut les obtenir.
Vos peres ont laissé leur nom à soutenir,
Leur vertu, leur exemple, & leur carriere à suivre.
Voilà ce qu’après eux il faut faire revivre,