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Ariste.

N’est-il pas vrai, Monsieur ?Chacun a ses usages.

Monrose.

J’ai vû tous nos amis…

Ariste, à part.

J’ai vû tous nos amis…Qui ne sont pas plus sages.

Monrose.

Je ne pouvais suffire à leurs embrassemens.

Ariste.

Quoi ! vous avez reçu tous ces vains complimens ?

Monrose.

Oui, je les ai reçus. Devois-je m’en défendre ?

Ariste.

Vous n’empêcherez pas ces bruits de se répandre ?

Dornane.

Les empêcher ? Je dis que c’est un coup d’État :
On n’y sçauroit donner trop de cours & d’éclat.
Sur la foi de ce bruit heureux & profitable,
Chacun trouve que rien n’était plus équitable.
Tout le monde applaudit. Je vous laisse à penser
Si la Cour, qui le voit, pourra se dispenser
D’un acte d’équité que l’on trouve à sa place.
Il ne dépend plus d’elle. Il faut qu’elle le fasse,
Et qu’enfin elle cède à la nécessité…

Ariste.

Vous en parlez, Monsieur, avec capacité.

Dornane.

En seriez-vous surpris ?