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Clorine.

Hortence obéissoit en se laissant aimer.

Aramont.

La complaisance est grande.

Clorine.

La complaisance est grande.Assez.

Aramont.

La complaisance est grande.Assez.Se peut-il faire !…
Eh ! mais, combien de tems faut-il donc pour lui plaire,
Si depuis une année & plus qu’elle est ici,
L’amour de son Amant n’a pas mieux réussi ?
Hortence s’amusoit du plaisir d’être aimée.
L’hymen se devoit faire au retour de l’armée.

Clorine.

Il est vrai.

Aramont.

Il est vrai.Cette époque est bonne à remarquer.
À quoi pensoit Hortence ? Elle alloit s’embarquer ;
Et toutefois l’Amour n’était pas du voyage.

Clorine.

C’est bien assez qu’il vienne après le mariage.
L’amour qui le prévient n’est pas le plus certain.
Il vaut mieux ne donner son cœur qu’après sa main.
Quand on est sa maîtresse, alors c’est autre chose.
Hortence était soumise à l’oncle de Monrose ;
Il lui servoit de pere ; il en avoit les droits,
Que le sien, en mourant, lui remit autrefois.
Ils avoient toujours eu cette alliance en vûe.
Hortence eût obéi : mais l’affaire est rompue.