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Et l’on doit peu compter sur leurs successions.
Le défunt ne rouloit que sur des pensions,
De forts appointemens, qu’il mangeoit à mesure.
Ainsi de ce côté la fortune est peu sûre.
À l’égard de la Cour, je doute, & je ne sçais
Si l’on achèvera des projets commencés :
Et franchement j’ai peur qu’en cet état funeste
Ta Maîtresse ne soit le seul bien qui nous reste.
Voilà ce qu’il faudroit tous deux négocier.

Clorine.

À quoi serviroit-il de nous associer ?
Hortence va passer sous une autre puissance ;
On exigera d’elle une autre obéissance.

Aramont, ironiquement.

On exigera d’elle une infidélité :
Vous n’y voyez aucune impossibilité.
Si Monrose a son cœur…

Clorine.

Si Monrose a son cœur…Mais il fuit ma Maîtresse !

Aramont.

Elle n’en est pas moins l’objet de sa tendresse ;
Mais il compte si peu sur un heureux destin,
Ou du moins l’avenir est si fort incertain,
Qu’il n’ose plus tenter d’achever sa conquête.
Il est intimidé : voilà ce qui l’arrête.
Tant de discrétion lui feroit trop de tort.
Il faut les rapprocher, & les mettre d’accord.

Clorine.

J’entends.