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Clorine.

Oui : mais, Monsieur, à peine est-elle refermée.

Monrose.

Eh ! depuis que je suis revenu de l’armée,
Blessé dans ce combat où mon oncle a péri,
Deux mois se sont passez : je dois être guéri.

Clorine.

Quelle raison !

Monrose.

Quelle raison !Après la perte que j’ai faite,
Je veux sçavoir comment la fortune me traite.
D’ailleurs, un intérêt plus pressant & plus fort
Que celui qui me touche, exige cet effort.
Mon oncle étoit chargé des biens de ta Maîtresse ;
Et je lui dois un compte… il le faut… le tems presse…
D’autant plus qu’elle va retourner au Couvent.

Clorine, avec plus de circonspection.

Monsieur, vous vous verrez, sans doute, auparavant ?

Monrose.

Qui, moi, Clorine ? Hélas ! je ne l’ai que trop vûe.

Clorine.

Ah ! cette répugnance est assez imprévue.
Vous craignez de revoir l’objet de votre ardeur ?

Monrose.

La révolution…

Clorine.

La révolution…A changé votre cœur.

Monrose.

Plût au Ciel !… quand j’étois un peu plus digne d’elle,
Je l’ai vûe insensible à l’ardeur la plus belle.