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Durval, avec véhémence.

Oui, je ne prétends plus que personne l’ignore ;
C’est ma femme, en un mot, c’est elle que j’adore.
Que l’on m’approuve ou non, mon bonheur me suffit.
Peut-être mon exemple aura plus de crédit :
On pourra m’imiter. Non, il n’est pas possible
Qu’un préjugé si faux soit toujours invincible.

Argant.

Ce n’est pas que je trouve à redire à cela ;
Mais c’est qu’on n’est pas fait à ces incidens-là.
Lorsqu’une femme plaît, quoiqu’elle soit la nôtre,
Je crois qu’on peut l’aimer, même encor mieux qu’une autre.

Damon, à Sophie.

Oserois-je à mon tour, sans indiscrétion,
Vous faire souvenir d’une convention ?

Sophie, à Constance.

Damon, je m’en souviens. Ah ! ma chère constance…
(Elle l’embrasse.)
Mais conseillez-moi donc dans cette circonstance…

Argant, en lui prenant la main & la mettant dans celle de Damon.

Oui, conseillez un cœur déjà déterminé…
Le conseil en est pris, quand l’Amour l’a donné.