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Le masque

Il faut…Que m’offrez-vous ?…Voyez…

Constance.

Il faut…Que m’offrez-vous ?…Voyez…C’est une lettre.
Vous tremblez… Je frémis… On ne veut plus me voir.
C’est le coup de la mort que je vais recevoir…
(Elle ouvre le billet.)
De la main de Durval ces lignes sont tracées.
Mais que vois-je ? Des pleurs les ont presque effacées.
(Elle lit.)
C’est trop entretenir vos mortelles douleurs ;
L’ingrat que vous pleurez, ne fait plus vos malheurs.
Chere épouse, il n’est rien que votre époux ne fasse,
Pour tarir à jamais la source de vos pleurs.
Vous avez rallumé ses premieres ardeurs ;
Trop heureux s’il expire en obtenant sa grace !…

Ah ! pourquoi n’ai-je pas prévenu mon époux ?
Conduisez-moi, courons…

Durval, démasqué, à ses pieds.

Conduisez-moi, courons…Il est à vos genoux…
C’est où je dois mourir… Laissez-moi dans les larmes,
Expier mes excès & venger tous vos charmes.

Constance.

Cher époux, lève-toi. Va, je reçois ton cœur :
Je reprens avec lui ma vie & mon bonheur.

Durval.

Quoi ! vous me pardonnez l’outrage & le parjure ?

Constance.

Oui ; laisse-moi goûter une joie aussi pure.